Est-il normal de se masturber ?
« Ne dites pas de mal de la masturbation. C’est la manière la plus sûre de faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime », plaisante le célèbre cinéaste Woody Allen. Effectivement, rien de mal à cela. Selon les sexologues, la masturbation fait en effet partie de l’apprentissage logique de la sexualité, et leur discours face à cette pratique est parfaitement déculpabilisant et libérateur. Pour eux, l’onanisme n’est pas un plaisir de compensation (face à une sexualité décevante ou médiocre) ou de « seconde zone », et la masturbation peut parfaitement exister parallèlement à une sexualité épanouie, voire la développer …
Pourquoi la masturbation a-t-elle longtemps eu si mauvaise réputation ?
Odieuse « perversion » censée rendre sourd ou même impuissant, la masturbation a longtemps été condamnée, notamment à cause du fait qu’elle « gâche » la semence de l’homme, laquelle devrait être utilisée pour procréer. « En 1758, le Dr Tissot, dans un « Essai sur les maladies produites par la masturbation », dresse le tableau dramatique d’un jeune garçon mort dans des souffrances terribles et une déchéance totale, coupable, selon lui, de mauvaises habitudes« , raconte le Dr Philippe Brenot dans son ouvrage « Le Sexe et l’amour » (éd. Odile Jacob), « inaugurant ainsi deux siècles de persécution des adolescents sous le faux prétexte de la dangerosité de la masturbation … Sitôt cette guerre déclarée, tous les arguments furent bons, même les plus absurdes, les plus sadiques ou les moins réfléchis, pour traquer le désir, étouffer les pulsions et persécuter les adolescents soi-disants masturbateurs. Cette chasse aux sorcières a duré plus d’un siècle dans toute l’Europe, sous l’alibi de la religion et avec le concours des médecins ». Et pourtant, rien dans la Bible ne condamne directement la masturbation !
Tout le monde le fait … est-ce vrai ?
Dans les années 70, la célèbre sexologue américaine Shere Hite a réalisé la première grande enquête sur la sexualité des femmes, en interrogeant anonymement, en 58 questions sur le sexe, plusieurs milliers d’entre elles, sur tout le territoire des États Unis. Elle a révélé beaucoup de choses essentielles sur la sexualité, le plaisir, le désir et, notamment, le fait qu’un très grand nombre de femmes se masturbaient. Elles étaient ainsi 82 % à le reconnaître, n’hésitant pas même à donner des détails sur leurs pratiques onanistes et le plaisir que celles-ci leur procuraient. Une dernière enquête de l’Inserm/Ined, datée de 2007, révélait, elle, que 60 % des femmes s’étaient déjà masturbées (contre 90 % des hommes), un peu moins donc que les Américaines quelque trente ans auparavant, mais encore une majorité. Toutefois, les chiffres sont à manipuler avec précaution car la masturbation, tout particulièrement féminine, est encore un sujet tabou, volontiers honteux, et toutes les femmes ne sont pas prêtes à reconnaître qu’elles se caressent, morale oblige. Résultat, beaucoup s’y adonnent mais n’en parlent pas, voire s’en dé […]
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