Le SM, traduisez sadomasochisme, est né dans le jargon des psychanalystes pour définir une « perversion ». Autant dire que la simple évocation de cette notion a de quoi déstabiliser les néophytes.
Toutefois, ce qu’il faut retenir dans le SM, c’est aussi ce qui séduit foncièrement dans le roman, ce ne sont pas les pratiques sadomasochistes en tant que telles, encore moins la propension de l’héroïne à éprouver du plaisir dans la douleur.
Ce qui a alimenté l’imaginaire érotique des lectrices, ce serait plutôt cette faculté de l’héroïne de s’abandonner à son amant, de lâcher prise, même aux confins de la douleur.
De même, Christian Grey est fascinant grâce au contrôle qu’il exerce sur l’esprit d’Anna et sur son corps indirectement ; et non par ses penchants sadiques.
Ainsi, si l’on exclut toute référence à la déviance et que l’on s’intéresse à sa quintessence, le sadomasochisme séduit le grand public par ce qu’il comporte de lâcher-prise et de contrôle, non pas par la soumission et la domination qu’il semble impliquer.
En effet, ces deux principes fondamentaux, et antagonistes à la fois, sont à l’origine de toute relation intime. Le plaisir s’exerce dans le contrôle et/ou dans le lâcher-prise, fondé sur la confiance, le consentement mutuel, voire la simple connivence.
Beaucoup ce sont interrogés sur le succès de cette trilogie de E.L James sans vraiment approcher ce qui la distingue d’autres œuvres du genre.
Oui, certes la trilogie a tout du canevas hollywoodien car elle est d’abord d’une « fan fiction ».
Non, ce n’est certainement pas le premier roman érotique, encore moins le meilleur.
Cependant, « 50 Nuances de Grey », ce n’st une recette qui semble fonctionner chez toutes les générations et ce qui plaît avant tout, c’est le degré d’intimité des deux protagonistes qui s’illustre dans un rapport contrôle et lâcher prise assez prégnant.
A ce propos, le slogan retenu pour la promotion du film l’assène comme une évidence car l’érotisme c’est avant tout de « lâcher prise ».
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