Les atouts des « Ecoles du dos »
« Bouger face au mal de dos ! » clament d’une voix unanime les rhumatologues. Pour aider les patients à se « remobiliser », les spécialistes soulignent aujourd’hui les bénéfices d’une prise en charge dans les centres de reconditionnement à l’effort et les « écoles du dos ».
Considérer la lombalgie comme une urgence médicale
Lombalgie chronique, le mal de dos s’installe le plus souvent rapidement, en quelques mois. Trop souvent, ses conséquences entraînent une véritable « déprogrammation » de la personne qui souffre. La douleur engendre l’immobilisme, la peur de bouger puis des difficultés professionnelles et psychologiques. Autant de caractéristiques qui peuvent aboutir à une chronicité de la douleur et dans certains cas à une invalidité et indirectement au chômage, à une détresse psychologique et familiale, une désinsertion sociale… Pour enrayer cette descente aux enfers, mieux vaut agir vite. Selon le Pr. Bernard Duquesnoy du CHU de Lille : « Contrairement aux idées reçues, ce tableau peut s’installer en quelques mois, et non pas au fil des années. C’est une urgence médicale qui nécessite rapidement une prise en charge pluridisciplinaire avant que des conséquences graves ne s’installent définitivement. Il faut casser le cercle vicieux avant qu’il ne s’installe ».
Face aux lombalgies chroniques dont on néglige trop souvent l’impact, ce rhumatologue préconise la mise en place d’un traitement de fond associant plusieurs spécialistes : le reconditionnement à l’effort. Une prise en charge qui est actuellement limitée aux centres spécialisés et aux « écoles du dos ».
Plébisciter l’approche des Ecoles du dos
Dans les centres de reconditionnement à l’effort et les écoles du dos, des rhumatologues, des chirurgiens, des infirmiers, des psychologues et des kinésithérapeutes peuvent travailler de concert pour aider le patient à surmonter sa douleur, l’aider à suivre son traitement et l’engager à reprendre une activité physique. Le reconditionnement à l’effort se propose ainsi de calmer la douleur par les médicaments antalgiques adaptés, de réapprendre au patient à se mobiliser : non pas « ne plus faire » mais « faire autrement », de remuscler son dos et si besoin d’assurer un soutien psychologique. S’étendant sur quatre semaines en milieu hospitalier, cette prise en main rapide permet au patient d’apprivoiser sa douleur, de reprendre rapidement une vie normale et de préparer au mieux une réinsertion professionnelle. Rappelons que cette maladie serait responsable de 6,3 millions de journées de travail perdues, soit l’équivalent d’une ville de 80 000 habitants en arrêt de travail toute l’année.
Plusieurs résultats d’équipes ont été présentés lors du congrès de la société française de rhumatologie. Ils attestent tous d’une amélioration de la douleur et des capacités fonctionnelles, d’une diminution des arrêts de travail et de la consommation de soins.
Encourager ces nouvelles prises en charge
Actuellement, des prises en charge se font uniquement en milieu hospitalier et ne comportent pas plus de cinq patients par séance. Les résultats sont d’autant plus satisfaisants que la fréquentation d’un tel établissement se fait dans les trois premiers mois qui suivent les symptômes. Au-delà, il est plus difficile d’empêcher la lombalgie de devenir chronique et de sérieusement handicaper la vie du malade.
Mais la pénurie de telles structures entraînent un traitement souvent trop tardif, car limité aux lombalgies très sévères.
« Contrairement à une idée reçue, on ne combat pas la lombalgie en arrêtant de bouger, bien au contraire ! C’est en agissant rapidement sur plusieurs tableaux que l’on peut empêcher la lombalgie de devenir chronique » a souligné en guise de conclusion le Pr. Duquesnoy.
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